Ossès
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L' HISTORIQUE D'OSSÈS
Quelques faits historiques selon Jean-Baptiste Orpustan.
Les dolmens et cromlechs (« cercles de pierres »), monuments funéraires datés de 5 à 6 mille ans environ relevés par les archéologues sur le mont Baïgoura, sont les témoignages les plus anciens d’une présence humaine sur le territoire de la commune actuelle d’Ossès proprement dite. A proximité immédiate, on trouve d’une part l’abri sous roche d’Azkonzilo (« trou de blaireau ») sur la frontière côté Irissarry au-dessus des gorges du Laca: les archéologues y ont relevé des outils de pierre de l’époque dite du « solutréen supérieur » datée de 20.000 ans environ, témoignant d’activités saisonnières de chasse et de pêche. Dans l’espace inverse au mont Larla sur la commune de Saint-Martin-d’Arrossa séparée d’Ossès en 1923, des activités métallurgiques ont laissé de nombreuses traces, les plus anciennes de plus de 2000 ans, et une exploitation a repris ensuite jusqu’à la guerre de 14. Aucune recherche archéologique n’a été menée dans l’espace central de la vallée habité au moins depuis la fin de l’Antiquité, aux confluents des deux Nives et du Laca.
Il est raisonnable de penser que le « pagus » (pays) dont le « flamine, dumvir, questeur, magister » au nom romain « Verus » affirme, dans l’inscription latine de Hasparren du IIIe siècle, qu’il a obtenu de l’empereur romain (Aurélien, Tacite ou Probus) que les « Neuf Peuples » (le futur duché de Gascogne, capitale Saint-Sever), soient « séparés des Gaulois », c’est-à-dire de la « grande Aquitaine » ou « Aquitaine seconde » d’Auguste qui allait jusqu’à la Loire et Bourges, comprenait les territoires et « vallées » qui feront peu après l’évêché « labourdin » (ou de Bayonne). C’était la partie la plus occidentale et méridionale, débordant sur le territoire espagnol à l’ouest (Guipuscoa) et au sud (Bastan, Lerín) jusqu’à la fin du XVIe siècle, du pays des Tarbelles: l’un des « neuf peuples » dont la capitale était la ville des « Eaux tarbelliques », c’est-à-dire Dax, après la conquête romaine.
Le nom de la « vallée d’Ossès » au sens administratif et réel du mot apparaît pour la première fois vers l’an 950 (fin du Xe siècle), avec celui des autres « vallées » d’Arbéroue, Cize et Baïgorry, et le Labourd évidemment, dans la liste des territoires formant l’évêché dit « labourdin » de Bayonne. Cet évêché distrait du vaste évêché primitif de Dax aurait pu exister dès le VIe siècle dans la « cité de Lapurdum » (Bayonne) d’après l’historien de l’Antiquité romaine Camille Jullian, avant d’être pillé par les Normands, puis restauré après leur fuite à la fin du Xe siècle.
Au début du XIème siècle, Sanche le Grand roi de Navarre et « empereur » de la partie de l’Espagne reconquise sur les Maures, et un temps « duc de Gascogne », réunit à Pampelune le pays de Baïgorry dont il nomme le 1er vicomte, ceux de Cize, d’Ossès, d’Irissary et d’Arbéroue: ce sera la future Basse-Navarre « bayonnaise », à laquelle sera jointe la « dacquoise » de Mixe et Ostabarès à la fin du XIIe siècle.
Au XIVème siècle les 7 quartiers de la vallée, Horça, Ahaïce, Gahardou, Iriberri, Ougarçan, avec Eiharce et Exave outre Nive qui feront plus tard Saint-Martin-d’Arrossa, ont une centaine de maisons nommées et taxées. Une « réforme » de la vallée de 1632 nous apprend que 65 d’entre elles élisaient annuellement les jurats qui réglaient les affaires du pays. Bidarray, terre de forêts et de pâturage où Roncevaux avait installlé un petite commanderie avec sa chapelle romane, et où l’on n’accédait pas encore par le bord de Nive mais par les montagnes, se peuple des cadets de la vallée au début du XVIIe siècle, devient ensuite paroisse annexe, puis obtient de nommer un jurat, tandis que les quartiers plus petits d’Iriberri et Ugarçan sont réunis pour n’élire ensemble qu’un jurat.
Dès la fin du XVe siècle puis avec les privilèges royaux obtenus au XVIe l’espace habité et exploité s’est considérablement étendu dans les anciennes forêts et domaine royaux (métairie royale d’Erretelia – « le troupeau du roi » -, pommeraie d’Erdoiz …) de la montagne d’Ahaïce et ailleurs, ce qui conduit à la contruction d’une église plus vaste à Saint Julien de Horça après un conflit avec l’épiscopat vers la fin du XVIe siècle. Une « passerie » avait été renouvelée avec le Bastan en 1547 pour l’usage commun des bois et pâturages entre Bidarray et Arizacun.
Un événement considérable se déroule en 1767: le partage par quartiers des anciens domaines royaux devenus « communaux », répartis ensuite maison par maison, sans que l’administration ni les édiles, malgré la confirmation du Conseil d’Etat du 29 mai 1808, en aient tiré toutes les conséquences.
Après la Révolution française et la nuit du 4 août qui abolit les privilèges et l’existence même de la Basse-Navarre comme unité administrative, l’ancienne vallée devient canton puis commune, et Bidarray se fait commune indépendante en 1800. L’armée est présente pendant la guerre de la Convention avec l’Espagne puis sous l’Empire: c’est l’époque qui voit s’ouvrir la route par les bords de Nive et Bidarray vers Bayonne (future Départementale 918) et abandonner l’ancienne « route d’Ossès » par Hélette et Irissarry qui entrait à Ossès par le quartier d’Ougarçan.
Sans Bidarray ni Arrossa, les seuls 5 anciens quartiers de la commune d’Ossès ont plus de 250 maisons au début du XIXe siècle, la plupart d’agriculteurs (propriétaires et métayers), d’artisans (petits commerces, charrons et charpentiers, cordonniers, forgerons, tisserands etc.), quelques rares négociants et rentiers. Ce « trop-plein » a entraîné dès le début du siècle un mouvement d’émigration d’abord vers « Montevideo » et l’Amérique du sud, plus tard relayé au début du XXe siècle par le départ vers la Californie: Ossès qui comptait encore 1045 habitants au moment de la guerre de 39-45 voit ensuite sa population baisser presque de moitié. L’arrivée du chemin de fer à la fin du XIXe siècle à Arrossa avec embranchement vers Baïgorry avait certainement favorisé l’émancipation de cette commune en 1923, après de très longs débats au siècle précédent.
De la fin du XXe siècle au début du XXIème de grandes transformations ont modifié l’activité et l’aspect de la commune d’Ossès. Le recul des terres agricoles, comme partout, s’est accompagné de la naissance de nouveaux groupements d’habitats, faisant de vrais quartiers neufs comme celui de Zubialde au bas d’Ahaïce et près du Laca, et de nouvelles maisons dans tous les anciens quartiers. Le nombre d’habitants à Ossès approche de nouveau le millier.
Dans ces évolutions, le plus remarquable est l’apparition du groupement de commerces et d’artisanat des deux cotés de la D. 918 dans le prolongement vers la Nive et Arrossa de l’ancien quartier de Gahardou, espace jusque-là presque inhabité qui a gardé son nom d’Iraordoki « plat des fougères ». La commune d’Ossès, tout en ayant conservé la plupart de ses anciens caractères, entre autres de belles maisons « à colombages » et des linteaux gravés, s’est ainsi renouvelée, actualisée.